Mon avis : Je savais que ce livre allait m’émouvoir et me toucher. L’auteur nous plonge d’entrée dans cet immeuble situé « fictivement » face au Bataclan. Le lecteur devient spectateur de la vie de cette copropriété et de ses habitants. On y retrouve Reine, la doyenne, un couple avec deux enfants, une jeune adolescente et son père, un couple trentenaire et un concierge…
Chacun a son histoire, son quotidien, ses origines et ses propres préoccupations. Pourtant ce soir là ils vont tous avoir un point commun être spectateurs-acteurs malgré eux d’une situation tragique dont l’issue est incertaine.
Ne pas rester seul chacun chez soi, ils vont se regrouper, même s’ils ne vivent pas du tout les événements de la même manière, certains vont se rencontrer ou se parler pour la première fois. S’unir, se soutenir va être le crédo, pendant cette longue attente, l’arrivée de blessés ou de survivants va rendre téméraires certains personnages et susciter des réactions.
L’auteur a su distiller les histoires personnelles et l’ambiance afin de permettre au lecteur de respirer.
Tous les sens sont en éveil, les oppositions flagrantes entre lumière et obscurité, entre l’agitation habituelle du quartier et le silence pesant. C’est pesant, le stress monte peu à peu, on regarde aux fenêtres et à la télé, c’est surréaliste. Le bruit des armes des hurlements des victimes est insoutenable mais le silence est encombrant et glaçant, il est la porte ouverte à toutes les suppositions et craintes.
Le doute monte, avoir besoin de se rassurer sur les proches, donner des nouvelles.
J’ai beaucoup apprécié la plume de l’auteur que je découvre avec ce roman. La vie de ces riverains pendant cette nuit interminable nous est très bien relatée, la manière dont ils prennent conscience des événements et en quoi leurs priorités vont dès « demain » changer. Il y a eu un avant, un pendant et il y aura un après.
Livre lu d’une traite, car même si on connaît l’issue de cette nuit tragique, j’ai été emporté par le parcours et les ressentis de ces personnages très différents au demeurant mais qui sont presque tous attachants. Mon « presque » est à cause de Gabin, il en fallait bien un, je vous laisse le découvrir par vous-même.
J’ai aimé que l’auteur glisse quelques pointes d’humour sur la vie des personnages afin qu’en lisant le lecteur ait parfois un sourire au coin des lèvres. L’espoir ponctue ce récit par des rebondissements dans la vie personnelle de certains protagonistes qui nous permet de respirer et voir pointer très timidement une once de ciel bleu après un gros orage.
Un livre poignant, émouvant sur cette nuit dans le XIème qui restera à jamais dans les mémoires.
Une lecture qui rentre parfaitement dans mon thème de ce mois-ci #Marsaufeminin
Résumé : Un immeuble ancien se dresse au sein d’un quartier de l’Est parisien, au passé populaire et rebelle et au présent « branché ». Ce microcosme chaleureux, à la population variée, mêle anciens Parisiens et nouveaux « bobos » . Les habitants de l’immeuble se côtoient sans bien se connaître, ils ont en apparence peu de choses en commun. Mais nous sommes le 13 novembre 2015. Et, bientôt, la mort va interrompre le cours de ces vies ordinaires et singulières. Comme tout Paris, comme toute la France, les riverains deviennent des spectateurs impuissants face au chaos prémédité. Alors se manifeste une évidence, la solidarité : une chaîne humaine protectrice contre la volonté de destruction. Face à la terreur et à la mort revendiquées, quelque chose résiste : une foi dans la vie. Il n’y aura pas de héros dans cette histoire. Mais chacun, à sa manière, va se métamorphoser en brave, en lâche ou en ange de réconfort.
Date de parution : 05.03.2020 aux Editions Herodios
Une réflexion au sujet de « Les Riverains de Corinne Atlas »